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Qui était Jean de Léry?

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Un écrivain voyageur du XVIème siècle (1534-1613). Artisan d’origine modeste et de religion protestante, Jean de Léry participa à une expédition française au Brésil. A cette occasion, il partagea pendant quelque temps la vie des indiens Tupinambas. Vingt ans après son retour en France, il fit paraître un récit de son voyage : Histoire d’un voyage fait en la terre du Brésil, autrement dite Amérique (1578).

Un de ses plus célèbres textes faisait partie de la liste des textes de l’oral du bac français de ma fille. Ce texte a été aussi un sujet du bac 2012.

Combien que nos Tupinambas reçoivent fort humainement les étrangers amis qui les vont visiter, si est-ce néanmoins que les Français et autres de par deçà qui n’entendent pas leur langage se trouvent du commencement merveilleusement étonnés parmi eux. Et de ma part, la première fois que je les fréquentai, qui fut trois semaines après que nous fûmes arrivés en l’île de Villegagnon, qu’un truchement me mena avec lui en terre ferme en quatre ou cinq villages : quand nous fûmes arrivés au premier, nommé Yabouraci en langage du pays, et par les Français Pépin (à cause d’un navire qui y chargea une fois, le maître duquel se nommait ainsi), qui n’était qu’à deux lieues de notre fort, me voyant tout incontinent environné de sauvages, lesquels me demandaient : « Marapé-dereré, marapé-dereré ? », c’est-à-dire : « Comment as-tu nom, comment as-tu nom ? »(à quoi pour alors je n’entendais que le haut allemand) et, au reste, l’un ayant pris mon chapeau qu’il mit sur sa tête, l’autre mon épée et ma ceinture qu’il ceignit sur son corps tout nu, l’autre ma casaque qu’il vêtit, eux, dis-je, m’étourdissant de leurs crieries et courant de cette façon parmi leur village avec mes hardes, non seulement je croyais avoir tout perdu, mais aussi je ne savais où j’en étais. Mais comme l’expérience m’a montré plusieurs fois depuis, ce n’était que faute de savoir leur manière de faire : car faisant le même à tous ceux qui les visitent, et principalement à ceux qu’ils n’ont point encore vus, après qu’ils se sont ainsi un peu joués des besognes d’autrui, ils rapportent et rendent le tout à ceux à qui elles appartiennent. Là-dessus, le truchement m’ayant averti qu’ils désiraient surtout de savoir mon nom, mais que de leur dire Pierre, Guillaume ou Jean, eux ne les pouvant prononcer ni retenir (comme de fait au lieu de dire Jean ils disaient Nian), il me faillait accommoder de leur nommer quelque chose qui leur fût connue : cela, comme il me dit, étant si bien venu à propos que mon surnom, Léry, signifie une huître en leur langage, je leur dis que je m’appelais Léry-oussou, c’est-à-dire une grosse huître. De quoi eux se tenant bien satisfaits, avec leur admiration Teh ! se prenant à rire, dirent : « Vraiment voilà un beau nom et nous n’avions point encore vu de Mair, c’est-à-dire Français, qui s’appelât ainsi. »

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